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Autrefois la prérogative des hérétiques, la vidéo verticale devient progressivement un champ créatif à part entière. Bien entendu, la majorité du contenu vertical se retrouve sur les plateformes sociales, pour une consommation sur mobile. Les diffuseurs de contenus traditionnels ont encore du mal à s’y consacrer pleinement, se heurtant à l’horizontalité de leurs plateformes traditionnelles.
Mais chez d’autres, l’appétit de contenu vertical est là. Sauf que la qualité est trop souvent absente. Une grande majorité du contenu vertical produit sont des stories de souvent piètre facture, capturée à la va-vite et sur lesquelles on passera plus de temps à apposer des filtres et des stickers qu’à produire l’image de base.
Pourtant, le potentiel créatif est là, comme j’avais pu l’aborder dans un précédent article. Aujourd’hui, je souhaite simplement partager cinq exemples remarquables de vidéos verticales, histoire de prouver – s’il le fallait – le potentiel artistique de cette orientation nouvelle.
Santamaria
Dans ce court-métrage, réalisé par Erik Schmitt, vous voyez défiler les possibilités visuelles offertes par la vidéo verticale. La verticalité est présente partout : dans la forme d’un verre de lait, d’une volée de marches, de bâtiments, d’une pile de livres et, bien entendu, des gens, le sujet vertical ultime.
Cette histoire haletante joue avec les codes des films noirs… dans un format moderne. Regardez-la vraiment comme une démonstration des possibles de la vidéo verticale – ce qu’elle était par ailleurs, puisqu’il s’agit d’une oeuvre promotionnelle pour un concours créatif.
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Si vous cherchez d’autres fictions en format vertical – celles-ci pensées pour un public bien plus jeune – vous pouvez vous tourner vers deux oeuvres dont j’ai déjà pu parler : #PLS, une série belge pour Snapchat, et Sickhouse, un film d’horreur vu par des millions d’utilisateurs.
Gender Derby
Dans le genre documentaire, Gender Derby se distingue toujours par sa grande qualité, dont j’ai déjà pu parler dans cette étude de cas. En sept épisodes de huit minutes, la réalisatrice Camille Ducellier raconte l’histoire de Jasmin, un jeune trans qui adore pratiquer le roller derby.
Gender Derby utilise énormément les split screen, comme une manière d’évoquer la binarité dans les questions de genre. Un artifice de montage que l’on retrouve dans de très nombreuses créations verticales.
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Bien d’autres créations documentaires existent, comme An Ordinary Life – le portrait touchant d’une famille – ou Impact – une sorte d’essai visuel sur l’état d’esprit d’un plongeur sur le point de s’élancer d’une falaise.
Stop making Murderers Famous
Le réalisateur Max Stossel pense que les médias ne devraient pas donner les noms des tueurs de masse, puisqu’ils sont nombreux à chercher, à travers leurs crimes, un peu de notoriété et d’attention. Pour partager ce point de vue, il a choisit de présenter son « éditorial visuel » sous la forme de l’interface simulée d’un compte Facebook.
La reproduction des interfaces mobiles dans les vidéos verticales est un dispositif efficace puisque ces dernières sont devenues familières, un code visuel partagé par des millions de personnes. Un choix visuel d’autant plus pertinent qu’il ne s’agit pas d’un simple gadget, mais de l’épicentre du problème soulevé par le réalisateur.
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Parmi les autres créations qui reproduisent une interface de réseau social, vous devriez jeter un oeil à Your Phone is Now a Refugee’s Phone – racontant le parcours d’un migrant depuis la Syrie – ou encore Je ne t’aime pas – un court-métrage de fiction où l’histoire se raconte à travers le téléphone de la protagoniste principale.
Everything I Can See From Here
Dans ce court-métrage animée de Sam Taylor et Bjorn Aschim, le format choisi est un peu différent de celui des autres oeuvres mentionnées plus haut : 3:4 au lieu de 9:16, ce dernier ratio étant le plus courant et le plus versatile.
Son format atypique ne l’empêche pas d’être l’un des projets d’animation les plus aboutis aujourd’hui. Sans dialogue, il raconte l’histoire surréaliste de deux hommes dont la partie de football est interrompue par un mystérieux personnage.
Le rythme est lent, l’histoire étrange, précise et fine. Peut-être n’est-ce pas le contenu rêvé pour diffuser sur les réseaux sociaux, mais la maîtrise de la verticalité y est tout à fait remarquable !
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Les oeuvres verticales animées restent encore rares aujourd’hui, mais vous pouvez jeter un oeil à Girl & Fish – une courte fable sur l’amour et la transformation – et bien sûr The Numberlys, un superbe film d’animation (dont il ne reste malheureusement qu’un court aperçu disponible en ligne).
Rectangle
Ce projet humoriste de Ben Kumanovski est un essai sur la vidéo verticale… sous la forme d’une vidéo verticale bien sûr. A voir ici.
Avec une bonne dose de dérision, Rectangle établit clairement que vertical et horizontal ne sont pas là pour s’affronter mais pour apporter des propositions singulières. Et c’est pour cela que ce projet me semble être une très bonne manière de conclure cette sélection de films verticaux.
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